« Il y a cinq ans, Santé publique France estimait à 48.000 morts par an l’effet de la pollution atmosphérique ; aujourd’hui, l’estimation s’approche de cent mille pour un pays comme la France », alerte Olivier Blond, directeur exécutif de l’association Respire, qui défend depuis deux décennies la qualité de l’air. En mars 2019, avant le début de la pandémie, une étude avait estimé à 67.000 le nombre de morts induits par la pollution pour la France. « C’est l’équivalent d’une ville française qui disparaîtrait chaque année, et avec le Covid, ce sera bien pire ! » s’indigne Olivier Blond.
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« Si les plus grosses particules, dites PM10, sont en général arrêtées par le nez, les plus fines, les fameuses PM2,5, descendent jusqu’au fond des alvéoles pulmonaires, qui sont la zone d’échange entre le sang et l’air », précise à Reporterre Isabella Annesi-Maesano, spécialiste de la pollution atmosphérique à l’Inserm. « Les plus petites de ces particules entrent alors dans la circulation sanguine, et elles causent des inflammations et des dégâts à l’intérieur des vaisseaux, et de certains organes comme le cerveau. D’où, par exemple, le lien entre pollution atmosphérique et certaines maladies neurodégénératives qui a été bien documenté », explique la chercheuse.
Deuxio, indique-t-elle, « en provoquant de l’inflammation dans les alvéoles pulmonaires, la pollution rend plus perméable la membrane par laquelle s’effectuent les échanges, ce qui facilite l’entrée des virus dans l’organisme ». La pollution a donc un double effet, avec d’une part une aggravation des comorbidités, et d’autres part une facilitation de l’infection par le virus.
Un troisième mécanisme a été proposé par des chercheurs italiens, notamment, mais il est encore débattu par les scientifiques, même si Isabelle Annesi-Maesano le juge « plausible ». Il est possible que les virus puissent se fixer sur les particules les plus petites, dont le diamètre est de l’ordre de 0,3µ, ou s’y combiner. Ces minuscules particules flottantes dans l’air permettraient alors au virus de rester en suspension beaucoup plus longtemps, jusqu’à sept heures selon la chercheuse, ce qui leur donnerait un potentiel d’infection bien plus élevé, notamment en accroissant la distance sur laquelle ils se propagent.
https://reporterre.net/Le-cocktail-ex...-du-Covid-et-de-la-pollution-de-l-air
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